Voici l’exemple même du disque qui fera redécouvrir Vivaldi à tous ceux qui, séduits par les promotions de têtes de gondoles des hypermarchés, se laissent parfois tenter par l’achat d’un disque du compositeur vénitien, tout juste bon à sonoriser un ascenseur. Interprétée sur instruments anciens, l’option choisie est incontestablement baroque. Sans pour autant gommer les versions de référence, Dorothee Oberlinger et les membres du Sonatori de la Gioiosa Marca définissent un nouveau standard à ces pièces virtuoses. Véritable travail d’équipe, c’est le désir et l’énergie qui les poussent vers les sommets d’un répertoire où l’apathie n’a jamais fait recette. Aux manettes, Michel Bernstein et Anne Decoville réalisent aussi des merveilles. La perspective sonore qu’ils nous offrent est un véritable régal. Les instruments sont saisis avec une authenticité peu commune, rendant à chacun la place qui lui est due. L’articulation du jeu de Dorothee Oberlinger est extrêmement bien reproduite, sans dureté ni distorsion. Les flûtes qu’elle utilise (pas moins de cinq différentes) sont facilement reconnaissables, car chacune conserve sa propre palette sonore. Une réussite intégrale pour un disque euphorique fait pour défier le temps et qui remet bien des pendules à l’heure.

T. HERVÉ - 05/2006