APPROCHE
           
PRIORITÉ
           
NIVEAU Choix n° 1
  Infos
BACH - Clavier Übung I

JOHANN SEBASTIAN BACH
(1685-1750)

Clavier Übung I :
Partitas BWV 825-830

Benjamin Alard (clavecin)

ALPHA - 157 - (2 CD)


    Informations
    Commentaire

D’instinct, c’est vers la huitième plage du second CD – le Praeambulum de la Partita n° 5 en sol majeur – que s’est portée mon écoute, sitôt ce bel objet sonore débarrassé de son enveloppe de plastique. Certes, en tenant compte de la précédente réalisation de Benjamin Alard (voir ici), j’abordai cette dernière avec un a priori plutôt favorable, mais sans pour autant imaginer qu’elle allait me propulser aussi rapidement sur son orbite. Ainsi, de cette trajectoire circulaire, considérant cet enregistrement dans toute sa valeur – techniquement, l’un des plus beaux qu’il m’a été donné d’entendre –, Benjamin Alard m’est apparu, une nouvelle fois, comme l’un des jeunes talents les plus excitants du moment. Même s’il ne quitte jamais les chemins balisés, il réussit néanmoins à se forger un style qui lui est propre. Mesuré et réfléchi, pas un instant son jeu ne cède à l’appel du démon de l’orgueil, ce qui ne lui interdit pas une certaine forme d’assurance, et parfois même une certaine autorité (Corrente de la Partita BWV 827 ). Le dosage de son toucher est également remarquable. C’est pourquoi, dans ces suites de danses, l’équilibre entre la puissance et la subtilité lui permet d’obtenir des nuances d’une rare beauté : une prouesse avec ce genre d’instrument. Il en découle un sentiment de plénitude, un bien-être physique et moral que seuls les vrais artistes sont capables de dispenser. De plus, qu’elles soient intensément lyriques comme le sont aussi les Partitas n1, n3 et n6, ou qu’elles soient sombrement passionnées comme le sont les Partitas n2 et n4, leur interprétation met en lumière toute la richesse de leur harmonie, ainsi que l’étendue de l’inspiration de Jean-Sébastien Bach. Quitte à me répéter, je conclurais en ajoutant que l’instrument est, techniquement, très bien servi. Si vous voulez un conseil, rien de mieux qu’une écoute nocturne pour tirer pleinement profit de ce double album extraordinaire, tant pour l’atmosphère sereine des heures tardives, que pour la qualité de ses silences. Ces facteurs sont essentiels si l’on considère le volume et la singularité des timbres du clavecin. Et puis, la nuit n’est-elle pas le meilleur moment pour voir briller les étoiles ?  

T. HERVÉ - 05/2010