En 1997, en enregistrant son premier disque des Sonates pour luth de Silvius Leopold Weiss, Robert Barto inaugurait une entreprise discographique qui allait ravir bon nombre d’amateurs d’instruments à cordes pincées. Treize ans et neuf volumes plus tard, le plaisir d’écoute demeure toujours intact, sans même que la lassitude ne gagne la moindre parcelle de terrain. Bien au contraire, ceux qui y ont déjà goûté attendent chaque nouvelle parution avec fébrilité et passion. Animé par une abnégation qui force le respect, le musicien américain ne néglige pas ce nouveau rendez-vous. Cette fois encore, sa grande finesse d’exécution, sa gestion du rythme et sa capacité à modeler la ressource mélodique sont à citer en exemple. De ces pièces qui n’ont rien de timide ou d’ennuyeux, ses prodigieuses capacités digitales font un bon usage, tout en favorisant à la fois les contrastes et une forte teneur émotionnelle et affective. Dès lors, il devient facile de le suivre dans le labyrinthe poétique dans lequel Weiss aimait tant, selon toute vraisemblance, s’aventurer. C’est certainement de là qu’il tirait le pouvoir d’une inspiration sans pareille. Aussi, ceux qui ne connaissent pas encore sa musique ne peuvent l’ignorer plus longtemps. Plus je l’écoute et plus je me dis qu’il serait vraiment dommage pour eux de refuser l’invitation formulée par le nouvel enregistrement de Robert Barto, d’autant que comme pour le précédent (voir ici), et comme pour mieux les séduire, outre un prix très avantageux, la prise de son a revêtu ses plus beaux atours.

T. HERVÉ - 05/2010