Jan Pieterszoon Sweelinck est un compositeur qui exerça à la jonction des époques « Renaissance » et « baroque ». Auteur d’un grand nombre de pièces vocales, il écrivit plus de 250 œuvres de tous types : chansons, motets, psaumes et madrigaux en constituant l’essentiel. Envisagées dans leur intégralité, c’est essentiellement la portée laïque de son imagination qu’Harry van der Kamp – basse de son état – et le Gesualdo Consort Amsterdam ont choisi de nous faire découvrir au sein de ce premier volume. Véritable leçon de chant, ce coffret de trois albums s’affirme comme une totale réussite. Autant, de par son étendue, cette somme pourrait effaroucher les mélomanes les moins téméraires, autant, une fois consommée, celle-ci aura tôt fait de rassurer les plus intrépides d’entre eux. Ne croyez donc pas que l’écoute en série relève de l’exploit ;  loin de là. Pris au jeu du mariage des tessitures, chansons françaises, madrigaux italiens, canons profanes et autres « rimes » se succèdent avec une authentique séduction et une identique facilité. Très belle, mais soucieuse de discrétion, la partie  instrumentale – lorsqu’elle existe – est réduite à sa plus simple expression sans que l’on ait à trop le regretter, tant le chant se suffit à lui-même. Sa transparence, sa souplesse et son harmonie font que ses lignes mélodiques sont perçues, in globo, de manière réellement consonante, et on ne peut plus convaincante. Certes, les qualités de la prise de son en rendent l’audition plus aisée ; cependant, les seules propriétés artistiques de ce programme suffisent à mieux comprendre pourquoi Sweelinck était appelé, en son temps, l’Orphée d’Amsterdam.

T. HERVÉ - 07/2009