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Dom Quichotte

DOM QUICHOTTE...

Cantates et concertos comiques
Œuvres de Corrette, La Garde, Marais, Grandval et Courbois

Dominique Visse (contre-ténor)
Café Zimmermann

ALPHA - 151


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Ce n’est pas parce que la musique est une science sérieuse qu’elle se prend forcément tout le temps au sérieux : telle pourrait être la devise de la caricature musicale que Dominique Visse soumet aujourd’hui à notre critique. Fer de lance de l’interprétation du répertoire polyphonique français de la Renaissance à la fin des années 1970 avec la création de l’Ensemble Clément Janequin, cet ancien élève d’Alfred Deller est toujours aussi surprenant. Bien que le Concerto comique n° 5 de Michel Corrette confère au début de ce programme une tonalité exclusivement instrumentale, c’est pourtant bien sur les planches du théâtre qu’il a choisi de nous inviter, car, ne nous y trompons pas, ce sont bien les cantates qui occupent le haut de cette belle affiche. Et comme le titre l’indique, elles aussi se réclament du burlesque. Disposée à supporter son pesant de raillerie, si la cantate de Pierre de La Garde, La Sonate, prend des allures de petit joyau, celle de Nicolas Racot de Granval, La matrone d’Éphèse, s’annonce comme étant le véritable morceau de bravoure de cet album. Elle oblige notre homme, mi-chanteur, mi-comédien, à une prise de risques sans précédent. Obligé d’incarner plusieurs personnages à la fois, il exécute le grand écart vocal avec sa voix travestie. Tantôt chantant, tantôt nasonnant, il mêle le comique et le ridicule jusqu’à n’en plus finir, sans pour cela que le rire étouffe totalement l’émotion. Quant à la cantate-titre, Dom Quichotte de Philippe Courbois, elle prolonge l’image du héros rêveur et idéaliste de Cervantès à un niveau de drôlerie que n’aurait certainement pas renié ce dernier. Ajoutons à cela que Café Zimmermann traite la parodie avec le même degré d’habileté que celui qu’il exerce dans les répertoires plus « raffinés ». Ainsi, le second concerto comique de Corrette et la pièce instrumentale de Marin Marais, La Sonnerie de Sainte-Geneviève-du-Mont-de-Paris, s’intercalent fort astucieusement entre les pages plus clownesques. Si, contre le stress, la drôlerie peut se prévaloir de quelques effets thérapeutiques, alors je ne peux que vous inciter à cette auto-médication. Un disque comme seul le label Alpha a le secret.

T. HERVÉ - 12/2009