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ANTONÍN DVOŘÁK
(1841-1904)

Quatuor à cordes n° 12 en fa majeur, op. 96 « Américain »
Quatuor à cordes n° 13 en sol majeur, op. 106

Pavel Haas Quartet

SUPRAPHON - SU 4038-2


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Composés à un peu plus de deux années d’intervalle par Antonin Dvořák, les deux Quatuors à cordes qui illustrent fièrement cet enregistrement sont à classer parmi les plus belles pages du compositeur tchèque. Dépassant les contraintes de cohésion et d’harmonie habituellement liées à l’interprétation de la musique de chambre, les Pavel Haas affichent une entente parfaite, aussi bien dans la technique de quatuor que dans son rayonnement musical. Dépourvus de toute raideur, l’exaltation, le lyrisme, la tension sous-jacente et la rythmique souple et bondissante qui caractérisent la musique de Dvořák ne pouvaient espérer trouver de meilleurs ambassadeurs. Les trajectoires conquérantes et les espaces de liberté du Quatuor n° 12 – dit « Américain » – sont joués avec une concentration et une sincérité qui n’ont d’égale que la simplicité mélodique de l’œuvre. Ainsi, rarement cette musique nous aura parlé avec autant d’émotion dans la voix, et c’est avec un nœud dans la gorge que l’on écoute son Lento, tant la mélancolie et la nostalgie qui s’en dégagent sont poignantes. Confronté à cet indéboulonnable chef-d’œuvre, le Quatuor n° 13 ne manque ni d’allure ni de passion. D’un climat et d’un esprit très différent, il dénote l’inspiration et la prodigieuse vitalité de l’écriture de Dvořák. À travers cette partition, c’est toute l’âme slave qui s’exprime, et à travers l’interprétation des Pavel Haas, l’âme des plus illustres ensembles tchèques. Alors que nous avons affaire à une musique à l’écriture parfaitement ordonnée, placée sous le contrôle de leurs quatre archets elle s’exprime avec un sentiment de grande indépendance. Toutefois, contrairement à « l’Américain », plusieurs écoutes sont nécessaires pour l’apprécier pleinement. Moins immédiat donc, les plaisirs vers lesquels ils nous conduisent sont pourtant d’une beauté comparable. Assister à une telle adéquation entre un compositeur et ses interprètes est toujours un réel bonheur. Reproduit par une prise de son aux contours amples et aux timbres chaleureux, le jeu des musiciens offre toute la mesure d’une musique qui va droit au cœur. Un témoignage irrésistible et prioritaire de la musique d’Europe centrale.

T. HERVÉ - 05/2011