Doit-on jouer les concertos pour piano de Beethoven sur pianoforte ? Les mélomanes à l’esprit obtus diront que, décidément, ces baroqueux ne respectent plus rien. Bien sûr qu’interprétés sur un grand piano de concert par Claudio Arrau ou Maurizio Pollini, c’est autre chose, mais lorsque l’on écoute cette version alternative, on ne peut que rester admiratif devant une telle performance. L’instrument est de bonne dimension, jamais frêle, et tient tête à l’orchestre sans faiblir. Il y a beaucoup d’espace et de réalisme dans cette prise de son spacieuse. Chaque pupitre garde sa place même dans les passages les plus dynamiques. C’est le résultat d’une belle harmonie et d’un dosage de chimiste entre les sonorités des instruments d’époque et l’acoustique de la salle. La proportion entre l’orchestre et le soliste est excellente et attribue à ce dernier, la juste notoriété qui lui revient.

T. HERVÉ - 10/2003