Si Othmar Schoeck n’est pas très connu dans notre Hexagone, en Suisse, il demeure pourtant un compositeur qui imprégna la vie musicale du XXe siècle. Après avoir commencé à étudier la peinture pendant une courte période, il se focalisa très rapidement sur la musique. D’abord chef de chœur et d’orchestre, son instinct de créateur le conduira ensuite vers la composition, dont la plus grande partie sera vouée au répertoire vocal. C’est néanmoins sous son profil instrumental que je vous propose de le découvrir, et ce, avec un disque qui, à n’en point douter, vous aidera à retenir son nom. Fil rouge de ce programme, son œuvre pour le violoncelle. Dans une main l’archet et dans l’autre un magnifique Guarnerius de 1675, Christian Poltéra, Suisse lui aussi, exprime au mieux les ambitions postromantiques des pièces présentées. Qu’elles soient abordées dans le splendide Concerto pour violoncelle et orchestre à cordes, ou dans l’inachevée Sonate pour violoncelle et piano (son ultime partition), ou bien encore dans les arrangements pour les mêmes instruments issus de lieder, les atmosphères les plus agréables émanent de ce disque. On y décèle fréquemment un brin de nostalgie et de mélancolie : une sorte d’introversion habillée d’une élégante pudeur, mais administrée par une écriture d’une parfaite intelligence. Comme quoi l’on peut être un « petit » pays, et pour autant disposer de grands et d’authentiques talents ; ce disque en est la meilleure démonstration.

T. HERVÉ - 10/2007