L’écoute de ce disque dénote clairement une grosse imperfection. Qu’on se rassure, ce constat dramatique n’est en aucun cas imputable à Jonas Kaufmann. Non, le ténor munichois au look latin et aux timbres solaires fait ici forte impression. Aussi, mal intentionné sera celui qui lui fera grief. Son style frais et soigné, sa liberté d’émission, sa vocalisation intrépide et sa sensibilité débridée hissent le chanteur munichois au sommet de la hiérarchie. Ce n’est pas davantage vers l’orchestre qu’il faudra chercher une quelconque source de déception. La formation pragoise dévoile en effet de réelles qualités, tant au niveau des sonorités qu’au niveau de son engagement. Aussi, de son estrade – pour ne pas dire de son piédestal – Marco Amiliato dirige avec une grande intégrité et avec la ferme volonté de nouer une véritable relation symbiotique avec le chanteur. Dès lors, on ne peut que se réjouir que l’on ait offert à Jonas Kaufmann un appui orchestral aussi attentionné que pertinent, ce qui n’est pas toujours le cas. La prise de son, de très bonne qualité, n’est pour rien non plus dans les regrets que l’on ressent après avoir écouté ce disque. Au contraire, elle ne fait que confirmer sa crédibilité. Profonde, naturelle et équilibrée, elle reproduit la scène sonore avec le souci de la neutralité, nous épargnant ainsi une écoute trop clinique, bien loin des effets recherchés par cette musique. Alors me direz-vous, où est le problème ? Eh bien, tout simplement, c’est qu’après un peu plus d’une heure d’un plaisir que l’on souhaiterait éternel, le disque se termine. Et je peux vous assurer que c’est un vrai déchirement.

T. HERVÉ - 01/2009