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SCHUMANN - Spanische Liebeslieder

ROBERT SCHUMANN
(1810-1856)

Spanisches Liederspiel, op. 74
Minnespiel, op. 101
Spanische Liebeslieder, op. 138

Marlis Petersen (soprano)
Anke Vondung (mezzo-soprano)
Werner Güra (ténor)
Konrad Jarnot (baryton-basse)
Christoph Berner et Camillo Radicke (piano)

HARMONIA MUNDI - HMC 902050


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Cela fait longtemps que le public lyrique apprécie les lieder pour voix seule de Robert Schumann. En revanche, de nos jours du moins, ses chansons pour voix multiples lui sont généralement étrangères. C’est un constat d’autant plus regrettable que l’écoute de ce disque vivifiant nous réserve des moments d’une intense musicalité. Il comprend deux cycles de chansons espagnoles, le Spanisches Liederspiel op. 74 et les Spanische Liebesliederop. 138, entre lesquels vient s’intercaler un troisième, tout aussi différent que sublime, le Minnespiel op. 101. Si les premiers nommés ne doivent leur appellation essentiellement qu’au fait qu’ils se basent sur des poèmes traduits de l’espagnol, ils n’en portent pas moins les marques d’une ferveur et d’une ingénuité que l’on a souvent pour habitude d’attribuer à la grande Ibérienne. Toujours chanté en allemand, mais avec une tonalité plus profonde, le Minnespiel se dispense, quant à lui, de toute forme de pittoresque. Sa poésie est moins ardente et plus distinguée que celle de ses opus limitrophes, favorisant ainsi une douce ambiance apaisante et mélancolique. Réunis autour de cet honorable projet, les quatre chanteurs et les deux pianistes s’impliquent jusqu’à nous faire regretter de ne pas nous être penchés plus tôt sur ce versant moins éclairé de l’impressionnante production schumannienne. Sans lourdeur ou emphase, tous vont dans la même direction : celle qui conduit à la transparence, à la fraîcheur et à l’équilibre. Ici, l’harmonie est un principe auquel nul ne semble pouvoir déroger. Quelle que soit la nature de leurs compositions (solos, duos ou quatuors, accompagnés d’un piano à deux ou à quatre mains), ces « chansonnettes » prennent dans ces conditions privilégiées d’interprétation et d’enregistrement une dimension insoupçonnée. Composés au milieu du XIXe par un homme bientôt au seuil de la folie, ces trois cycles rares semblent appartenir à une autre époque : à celle où Schumann était un être enflammé, romantique et sagement optimiste. Une surprise de taille pour un disque positivement irrésistible.

T. HERVÉ - 11/2010