Deux instruments et un seul constat, Bertrand Cuiller n’a pas raté sa vocation. Dans ce répertoire consacré aux virginalistes anglais du début du XVIIe siècle, son nom ne pâtira d’aucun complexe à côté de ceux qui y ont déjà inscrit le leur, à savoir Pierre Hantaï, Andreas Staier, Skip Sempé et, maître parmi les maîtres, Gustav Leonhardt. Première caractéristique de ce disque, c’est la délicatesse qui se dégage du virginal et du clavecin. Une sensation de fragilité qui se transforme rapidement en un sentiment de préciosité tant la musique est belle. Rythmée au son des pavanes, gaillardes, allemandes et autres courantes, elle reflète le sens de l’élégance et de la virtuosité de ces prodigieux compositeurs qui, en plus, ce disque en apporte la preuve, maîtrisaient la science des enchaînements. Cette lecture, que l’on imagine longuement travaillée, trouve son aboutissement dans une prise de son providentielle. Épurée de toute dureté, elle relaye admirablement les vœux de ses créateurs. En outre, c’est un excellent test pour évaluer, entre autres, des capacités de restitution du registre médium des enceintes. Le ciselé et la résonnance des cordes doivent apparaître avec précision, sans pour autant engendrer la moindre fatigue. Un disque qui est à la fois écrin et bijou.

T. HERVÉ - 03/2007