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JOHNSON - The Prince's Almain

ROBERT JOHNSON
(v. 1583-1633)

« The Prince's Almain » : Pièces de luth et autres Danses

Nigel North (luth)

NAXOS - 8.572178


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La musique pour luth n’est pas de celles que l’on aime écouter en groupe, non pas qu’il faille craindre le désintérêt de son auditoire – discrète, elle en est pas moins expressive –, mais disons que les émotions qu’elle éveille en nous sont tellement personnelles que pour être totalement enrichissante, c’est généralement seul que l’on préfère en profiter. Cela dit, rien n’empêche ensuite d’en parler autour de soi, surtout lorsqu’elle atteint le niveau de celle qui nous occupe ici. Tout comme son compatriote et contemporain John Dowland, Robert Johnson assura ses services de luthiste à la cour de Jacques 1er d’Angleterre, mais aussi auprès de l’éminent dramaturge William Shakespeare. Ainsi, les Gaillardes, les Pavanes, les Allemandes et autres Fantaisies qui monopolisent cet enregistrement seraient issues de cette prestigieuse collaboration. Peut-être, mais précisons tout de même qu’avec ces « pièces de danses », il s’agit davantage de faire tanguer les oreilles que les pieds ; n’oublions pas qu’à cette époque post-élizabethaine, le culte de la mélancolie est encore bien présent. D’une conception sensiblement moins limpide que ne l’est la musique de son homologue, les pièces instrumentales de Johnson font un bon usage du rythme et de la mélodie. S’appuyant sur une structure harmonique riches en thèmes et en développements, elles ne manquent ni d’humeur, ni d’esprit, à tel point que l’heure passée en leur compagnie semble, en comparaison, bien courte. Rompu à ce genre d’exercice, Nigel North force encore une fois l’admiration. Allant de pair avec une technique prodigieuse, son sens approfondi des belles sonorités nous rappelle quel grand artiste il est. Ce n’est pas tous les jours que la musique de la Renaissance s’invite, de la sorte, dans nos lecteurs de compacts disques. Dès lors, pourquoi bouder notre plaisir, d’autant qu’au prix où ce disque nous est proposé, on pourrait presque se permettre de l’offrir à tous ceux qui auraient eu à souffrir de notre introversion musicale ?

T. HERVÉ - 04/2011