Entrée en disgrâce pour je ne sais quelle raison, la musique de Jan Dismas Zelenka refait parler d’elle depuis une petite vingtaine d’années seulement. Servie par un corpus de deux cents œuvres sacrées, c’est sous cette forme qu’elle vient, à intervalles réguliers, mais néanmoins trop espacés, émousser nos sens. Enregistrée lors du 29ème festival de Sablé-sur-Sarthe en août 2007 par le Collegium 1704 et son pendant vocal, cette Missa votiva dévoile une musique d’une inspiration et d’une richesse surprenantes. Écrite en remerciement pour avoir survécu à une terrible maladie, cette messe votive se distingue par des dimensions généreuses, mais aux agréables proportions. Nul doute que l’efficacité de son style est due, en grande partie, aux savants dosages et aux habiles sutures réalisés entre les instruments et les voix. De l’étourdissant Kyrie d’introduction à l’ingénu Agnus Dei qui annonce la fin de l’œuvre, à tous moments, Zelenka expose ses penchants naturels pour l’art rituel, même si l’on n’y trouve pas le même degré d’audace que dans sa production instrumentale – mais c’est un genre qui le permet moins. Toutefois, ce disque permet d’en savourer les immenses ressources. Grandement aidé par des solistes acquis aux meilleures causes – et à celle-ci en particulier – et par un chœur ardent et d’une rare ductilité, Václav Luks, en plus de quelques accents italiens, y décèle la juste équation entre l’expression liturgique profonde et la célébration aux allures plus réjouissantes. De surcroît, cette gravure bénéficie d’une remarquable qualité d’enregistrement qui unit pour le meilleur le naturel, la clarté et l’espace. Voilà de quoi en faire un apport essentiel à la discographie d’un compositeur dont l’importance n’avait pas échappé à ses contemporains, Bach et Telemann les premiers.

T. HERVÉ - 11/2008