Tout comme Paul Badura-Skoda, Jos van Immerseel et Andreas Staier – pour ne citer qu’eux –, Pierre Goy fait partie des pianistes qui s’opposent en permanence à la pensée musicale unique et universelle. Sans pour autant dénigrer les pianos modernes, leurs relectures de la littérature pianistique sur instruments d’époque sont devenues incontournables. Leurs Schubert, Mozart et Chopin témoignent du bien-fondé de leur esprit de prosélytisme. Le disque qui retient ici notre attention est à ce titre réellement incroyable. L’instrument utilisé est une copie d’un piano à queue Conrad Graf de 1826. Sorti des ateliers de Christopher Clarke en 2001, son registre s’étend sur six octaves et demie et possède cinq pédales qui lui autorisent une modulation de timbres sans pareil. Les cordes, en tension extrême, favorisent des attaques impressionnantes et libèrent leurs vibrations avec une puissance qui mettra à mal bien des systèmes de reproduction. Dans ce cas, il ne faudra surtout pas mettre le tort sur l’enregistrement, car celui-ci est un modèle d’impartialité et fait honneur au label Lyrinx. De plus, je ne m’étendrai pas sur ses vertus artistiques, sa présence au sein de cette sélection musicalement stricte m’en dispense. Un disque de pianoforte essentiel.

T. HERVÉ - 05/2007