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CHOSTAKOVITCH - Symphonie n° 4

DIMITRI CHOSTAKOVITCH
(1906-1975)

Symphonie n° 4 en ut mineur

Netherlands Radio Philharmonic Orchestra
Mark Wigglesworth (direction)

BIS - SACD-1553 - (SACD)


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La Symphonie nº 4 n’est pas souvent enregistrée, et pour cause, car c’est, parmi les œuvres écrites par Chostakovitch, l’une des plus singulières et des plus déroutantes. Achevée en 1936, elle ne fut créée qu’à la fin de l’année 1961. Grâce à elle, son auteur fut salué comme le plus grand symphoniste russe du XXe siècle – nous sommes huit ans après la mort du censeur public, Staline. Replacée dans son contexte d’origine, son intérêt expérimental ne fait aucun doute. De forme sonate, sa structure est assez inhabituelle. On y trouve deux longs mouvements de folie entrecoupés d’un intermède plus romantique, mais derrière lequel se cache, certainement, des motifs bien plus diaboliques. À partition monumentale, orchestre colossal. Alors que le compositeur freine sur la quantité des mouvements, il se lâche véritablement quant aux moyens de parvenir à les faire s’exprimer. Fort d’un effectif de cent-vingt-cinq musiciens, l’œuvre peut dès lors dévoiler son envergure pharaonique. Après une heure d’écoute – plus les quelques minutes nécessaires pour reprendre ses esprits – inutile de chasser l’évidence, ce disque permet de vivre des moments prodigieux. Tel un bâtisseur de l’Égypte ancienne, le chef Mark Wigglesworth parvient à reconstruire l’édifice chostakovien, tout en respectant les dimensions spectaculaires de ses lignes polyphoniques et la beauté de ses sonorités. Sous sa baguette intrépide et avisée, les savantes excentricités de la partition ne se changent pas en vulgaires contradictions. Soyons reconnaissants aux solistes du Netherlands Radio Philharmonic Orchestra, car ils participent grandement à la réussite de cette ambitieuse entreprise, l’harmonie dans ce genre d’ouvrage n’étant sûrement pas facile à trouver. Insaisissable pour le débutant, cette symphonie deviendra vite, à travers cet enregistrement – au demeurant fort bien réalisé –, l’un des repères discographiques favoris des mélomanes éduqués à ce répertoire.

T. HERVÉ - 12/2009