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BRUCKNER - Symphonie n° 5

ANTON BRUCKNER
(1824-1896)

Symphonie n° 5 en si bémol majeur (Édition Leopold Nowak)

Symphonieorchrester des Bayerischen Rundfunks
Bernard Haitink (direction)

BR KLASSIK - 900109


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Évidemment, cette Symphonie n° 5 est grandiose. D’ailleurs, ne l’a-t-on pas qualifiée, jadis, de cathédrale sonore ? Toutefois, lorsque l’on se réfère à l’œuvre de Bruckner, ce n’est pas elle qui retient le plus l’attention, la Quatrième, la Septième et la Neuvième – pour n’en citer que trois – étant, à mon avis, plus consistantes. Continuons en disant que cette nouvelle interprétation de Bernard Haitink mérite de francs applaudissements. Attentif, scrupuleux, méthodique, mais pas calculateur, il affiche des goûts très sûrs, quoique très personnels. Malheureusement pour lui, la concurrence est tellement âpre qu’elle lui condamne l’accès au podium. Pour l’orchestre, c’est pareil. En effet, bien que son engagement soit total et efficace, il arrive à nous faire oublier ni le Royal Concertgebouw d’Amsterdam, ni le Berliner Philharmoniker. Ah ! nostalgie... quand tu nous tiens... De plus, bien que la prise de son démontre de réelles aptitudes acoustiques, dans le même cas de figure, on peut trouver mieux en terme d’image et de transparence. Mais alors, pourquoi malgré ces petites réserves l’écoute de ce disque plaide-t-elle autant en sa faveur ? Eh bien tout simplement parce qu’on a l’impression d’assister à un évènement exceptionnel que seul un chef de la trempe de Bernard Haitink peut provoquer. On le sait, Bruckner n’est pas une nouveauté pour lui, leurs rencontres ayant, d’ailleurs, toujours produit de beaux fruits. Ce qui fait la différence cette fois, c’est que notre illustre octogénaire affiche une sérénité à toute épreuve. Ainsi pacifié, il traite la partition avec une sagesse peu commune. Elle devient pour lui une ascension spirituelle. À son âge et à son niveau d’expérience, la passion ne s’affiche pas. Soit on la ressent, soit on ne la ressent pas. Par conséquent, restons honnêtes jusqu’au bout en conseillant aux brucknériens en herbe d’orienter plutôt leur choix vers Jochum, Wand ou Harnoncourt. Par contre, ceux qui pensent que l’on ne peut pas être si l’on a été – l’évolution de style du sorcier néerlandais semble ne pas plaire à tout le monde – devraient s’imprégner de cet enregistrement public pour reconsidérer leur jugement. Une expérience forte, à vivre intensément.

T. HERVÉ - 03/2011