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IGOR STRAVINSKY
(1882-1971)

Pétrouchka (version originale de 1911)
Le Sacre du printemps (version révisée de 1947)

Bergen Philharmonic Orchestra
Andrew Litton (direction)

BIS - 1474 - (SACD)


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Malgré une discographie imposante, jusqu’à cet album Andrew Litton n’avait jamais encore réussi à se frayer un chemin jusqu’à mes étagères. Compte tenu de l’âpreté de la concurrence qui règne autour de ces chefs-d'œuvre incontestés du XXe siècle, si son intégration est tardive, elle n'en est que plus appréciable. À la tête d’un orchestre aux sonorités picturales et à la dynamique instantanée, le chef britannique aborde cette musique sans complexes, ni préjugés. Aussi, c’est sous sa forme originale de 1911 qu’il choisit de nous interpréter Pétrouchka (l’une des partitions les plus achevées de Stravinsky). Moins jouée que la version de 1947, plus narrative que symphonique – ceci expliquant peut-être cela –, cette partition est pourtant la meilleure, ne serait-ce que par la dérision et la violence qui l'habitent. Par l’attention qu’il porte aux détails (justesse du volume des instruments, harmonie entre les pupitres, respect des contrastes), et aussi grâce à ses pouvoirs évocateurs, les innombrables motifs se combinent pour créer une atmosphère palpitante, grinçante et populaire. C’est magnifique. Dans Le Sacre du printemps, son engagement est tout aussi appréciable. Sans se montrer trop « carnassier » – trop païen dirons-nous –, Litton déroule une belle mécanique à la transmission bien huilée. Attentif aux usages chorégraphiques et musicaux, il donne aux rythmes et aux timbres la même importance. Nerveuse, mais pas trop violente, sa lecture marque bien la ponctuation et la tonalité. Tournant le dos au démonstratif, mais pas au spectaculaire, sa gestion des masses orchestrales est impressionnante, tant par sa mise en place que par sa cohérence textuelle. Pour résumer ce Sacre, je dirais que l’on ressort de son écoute dans un état plus proche de l’hypnose que de l’ivresse. Si le style analytique de Pierre Boulez (DG, 1992, voir ici) vous indispose, ou si l’approche d’Esa-Pekka Salonen (DG, 2006, voir ici) vous paraît excessivement « sonore », alors il y a de fortes chances que cette version soit la bonne. Prises de son à l’avenant.

T. HERVÉ - 10/2011