Comme de nombreux musiciens rhénans du XVIIe siècle, Samuel Capricornus fut un européen convaincu bien avant l’heure. De par ses nombreux voyages et influences, son art est le résultat de la confrontation des cultures de son époque. Séduit par l’italianité de Carissimi, marqué par l’expressivité de Charpentier et pénétré de l’ascétisme des ultimes œuvres de Schütz, il fut un compositeur admiré et prolifique, et ce malgré une santé précaire et une disparition précoce. Écrit peu de temps avant sa mort, le recueil intitulé Theatrum Musicum est constitué de 12 scènes sacrées pour 3 voix (alto, ténor et basse), 4 violes et basse continue. Typiques de ses choix d’écriture à la fin de sa vie, ces pièces se veulent rigoureuses, parfois austères, mais toujours soucieuses de l’essentiel : l’efficacité. En aucune façon, bien au contraire, ces traits ne nuisent aux plaisirs ressentis à l’écoute : c’est un pur bonheur que de savourer les ornements vocaux et instrumentaux. Maître d’œuvre de ce théâtre dévotionnel, Martin Gester ne mérite qu’éloges et recommandations, de même que le Parlement de Musique, virtuose et assidu. Captée en l’Église protestante de Ribeauvillé par Arnaud Moral, la prise de son est précise et très naturelle. Avec de tels protagonistes à son service, souhaitons à Capricornus de sortir définitivement de l’hibernation discographique dans laquelle il est enfermé depuis trop longtemps.
T. HERVÉ - 09/2006