Pour Robert Schumann, l’année 1842 marque une étape importante dans l’affirmation d’une nouvelle volonté musicale. C’est, en effet, pendant ce laps de temps réduit qu’il composa, outre le réputé Quintette avec piano, op. 44 et le Quatuor avec piano, op. 47, les trois Quatuors à cordes, op. 41 qui occupent ici notre attention. Peu fréquentées, au disque comme au concert, ces pièces ne laissent pas approcher facilement, ceci expliquant sans doute cela. Nous avons à faire à un Schumann toujours tiraillé entre la réalité et son monde intérieur. Il n’est donc pas étonnant que son écriture s’en ressente. Derrière ce voile brumeux, cet opus laisse pourtant percevoir beaucoup de tendresse et d’énergie créatrice. C’est une musique qui repose plus particulièrement sur les sentiments et les paroles que sur d’éventuels thèmes ou structures, exigeant par conséquent davantage de ses interprètes. C’est pourquoi la prestation du Quatuor Kuijken est à citer en exemple. Exempte de toute surcharge anecdotique, leur interprétation s’exprime avec une splendeur musicale rayonnante. Elle offre de belles qualités de contrastes et une sensation de présence humaine souvent bouleversante. En dépit des performances artistiques et techniques, ce disque sans complaisance profitera allègrement aux mélomanes avertis. Ceux qui sont à la recherche d’un romantisme serviable en seront pour leurs frais.
T. HERVÉ - 01/2007