Le dernier opéra de Mozart et peut-être aussi le plus connu avec Don Giovanni. Beaucoup de chefs l’ont joué, mais peu nombreux sont ceux qui peuvent prétendre avoir atteint le niveau de cette version. Arnold Östman n’est peut-être pas le plus médiatique d’entre eux, mais la traduction qu’il nous livre est sans doute l’une de celles qui s’écoutent le plus facilement. Interprété sur instruments d’époque, son équilibre est souverain : l’harmonie qui s’instaure entre le texte et la musique est parfaite. Oscillant tantôt vers le drame, tantôt vers le burlesque, ce disque nous fait parcourir un voyage dans le temps. Dans Vienne, à la fin du XVIIIe siècle, au cœur de l’univers de Mozart, c’est-à-dire près du peuple. La technique est aussi de la partie. Enregistré en 1992 dans un théâtre de Stockholm à l’acoustique assez claire, c’est un modèle du genre. La prise de son privilégie une restitution très scénique avec des voix très présentes et très « vraies ». L’image orchestrale est spacieuse, aussi bien en largeur qu’en profondeur. À la fois respectueux des timbres et de l’articulation, l’équilibre entre les solistes et l’orchestre est exemplaire de réalisme. Toutes ces qualités donnent à l’auditeur l’illusion d’assister à la représentation, aux tout premiers rangs d’une salle qui sent bon le bois. Un double album à ne surtout pas manquer.
T. HERVÉ - 10/2003