Le père de Sviatoslav Richter qui assista à la création de la Sixième Sonate par son fils parla d’elle comme d’une gifle en plein visage. Il faut bien reconnaître que son traitement musical l’éloignait radicalement des standards alors en vigueur. Qualifiée de « barbare », cette pièce heurte et provoque parfois jusqu’à l’insoutenable. Le tumulte laissant place à l’expression plus sereine de la Huitième, il est temps de mesurer la pertinence du jeu de François-Frédéric Guy. Des attaques aux arêtes acérées jusqu’aux harmonies les plus subtiles, sa technique se révèle être d’une grande efficacité, tout comme celle d’Arnaud Moral qui, en preneur de son avisé, signe un enregistrement spectaculaire. L’étendue de ses capacités techniques recrée à la perfection la puissance évocatrice des compositions.
T. HERVÉ - 02/2006