Parmi les grands interprètes de la dernière des symphonies de Beethoven, Fritz Reiner y tient une place prépondérante. Sa direction est un mélange de précision et de spontanéité. Le premier mouvement torturé à souhait précède une partie centrale d’une grande densité qui annonce elle-même un final, la fameuse « Ode à la Joie », tout aussi remarquable : un hymne hallucinant à la Liberté, à la Paix et à l’Homme ! Une œuvre gigantesque que le chef hongrois, galvanisé par la teneur de la partition, négocie avec panache. En plus, la conception de la prise de son datant de 1961 fait la part belle à un réalisme sonore et à une scène tridimensionnelle que bien des enregistrements actuels pourraient envier. Rien de très spectaculaire, mais le naturel de l’orchestre évoque, à coup sûr, la réalité du concert. En tout état de cause, cette Neuvième se situe très haut dans la hiérarchie artistique et technique et constitue, de fait, un événement discographique incontournable.
T. HERVÉ - 10/2004