Dans le sillage d’Anglebert, et annonçant l’arrivée du grand François Couperin, Gaspard Le Roux, que malheureusement trop de clavecinistes actuels ignorent, est à l’origine de pièces pour le clavecin qui eurent beaucoup de succès en leur temps. On y découvre un compositeur plein d’inventivité et fort d’une grande personnalité musicale. Certes Rameau, bien inspiré, lui fit de l’ombre, mais il serait dommage de ne pas découvrir la noblesse et la délicatesse de son écriture. Christophe Rousset s’y emploie avec brio, bénéficiant pour cela d’un clavecin Henri Hemsch d’excellente facture. Construit à Paris en 1751, son enveloppe de bois de peuplier, fin et léger, lui confère une agilité et une précision appropriées aux nombreuses ornementations de cette musique. Les presque cinq octaves de ses deux claviers sont mises en valeur par une prise de son dotée d’une transparence et d’une définition exemplaires. Ajoutez à cela un minutage très généreux et vous aurez là un disque de premier choix pour sortir des sentiers battus. Plus qu’une découverte, c’est une révélation.
T. HERVÉ - 11/2004