Avec un sens profond de l’architecture vivaldienne, Ophélie Gaillard signe là une des plus belles contributions musicales à la gloire du Prêtre Rosso de ces dernières années. Établies sur des motifs mélodiques d’une grande simplicité, ces Sonates pour violoncelle n’en demeurent pourtant pas moins fascinantes. Instrument lyrique par excellence, le violoncelle est l’instrument idéal pour se balancer entre les rythmes contrastés de ces pages, oscillant, presque en musardant, vers la mélancolie, ou bien, frénétiquement, vers la danse avec une élégance de dandy. Construit à Venise en 1737 à l’époque où Vivaldi était compositeur, le splendide Francesco Goffriller étale sa puissance et sa grande richesse de timbres avec une efficacité redoutable. Pudique, mais néanmoins raffinée, l’ornementation de l’Ensemble Pulcinella encourage la prestation de la soliste avec un très bon sens des proportions ; le travail des preneurs de son étant à ce titre à souligner. Une belle et généreuse interprétation d’œuvres remarquables, qui sont la preuve que le talent repose bien souvent sur la capacité à réduire ce qui est compliqué à la simplicité.

T. HERVÉ - 09/2006