Si l’on se réfère aux rythmes endiablés qui étayent bon nombre de ces sonates, voilà bel et bien un disque qui ne manque pas d’air. Lorsque l’on écoute la flûte de Barthold Kuijken, on ne peut que s’incliner devant une élocution aussi parfaite. Placé entre ses doigts, ce modeste instrument devient le plus beau du monde. Avec ses extraordinaires qualités d’intonation, à chaque instant elle distille une musique de rêve, faite de légèreté et d’amour. Embrayant derrière son coéquipier, le claveciniste Ewald Demeyere se dévoile aussi comme un prétendant sérieux au poste de virtuose. Certes, les automatismes sont acquis depuis bien longtemps, mais ils ne transforment pas pour autant ces pièces en une vile récitation mécanique, trop passionnés qu’ils sont pour se laisser aller à la routine. Cette musique, ils la vivent et nous convient à le faire avec eux en toute générosité. Cela se fera d’autant plus facilement que la prise de son est vraiment excellente. Les mélopées lyriques de la flûte ne se terminent pas, comme trop souvent, en d’agressives revendications ; le clavecin quant à lui, conserve tout son rang et sa dignité et ne se transforme pas en guimbarde. Couronné par une presse unanime, il ne manque décidément rien à ce disque hautement recommandable.

T. HERVÉ - 01/2007