Ce volume est le neuvième d’une intégrale que Robert Barto consacre à l’œuvre pour luth de Silvius Leopold Weiss. Valorisée par une prise de son qui donne à l’instrument sa véritable dimension, physique et musicale, l’écoute, comme celles de ses précédentes réalisations, procure des sensations inoubliables. Piochées dans une impressionnante production, les trois sonates qui composent chaque enregistrement attestent du talent de notre musicien, et au-delà, de l’immense inspiration d’un compositeur qui fut tenu pour l’égal de Jean-Sébastien Bach par ses contemporains. Touchée par la grâce, sa musique puise son inspiration dans une forme de noblesse et d’élégance jadis imprimées par la Renaissance tandis qu’elle tire de son époque baroque sa touche de modernité, son audace et son imagination. Aussi, c’est un sentiment de liberté qui prime tout au long de cette magnifique écoute. Des ornementations, Barto en use, mais point en abuse. Très virtuose, son interprétation reste fluide et limpide, mettant ainsi la ligne mélodique et la structure polyphonique bien au-dessus de l’aspect technique pourtant si nécessaire avec des pièces à l’écriture aussi complexe. Finalement, si elle peut sembler moins précieuse que les précédentes lectures d’Hopkinson Smith (voir ici) et sensiblement plus lyrique que celle de Jakob Lindberg (voir ici), sa prestation révèle autant d’implication et d’adresse. Elle s’inscrit dans la même catégorie : celle qui met le travail et l’esprit au service de la musique, avec l’hédonisme comme postulat. Au prix où le label Naxos nous le propose, c’est un achat qui passera inaperçu sur votre relevé bancaire, mais sûrement pas dans votre discothèque.

T. HERVÉ - 07/2008