L’œuvre pour clavecin de Jean-Philippe Rameau s’organise essentiellement autour de trois Livres (1700, 1724, 1728) et du recueil Pièces de clavecin en concerts de 1741. Pour ce dernier ouvrage, les harmonies du clavier seul ne suffisaient plus à transcrire l’ampleur de l’écriture du compositeur, c’est pourquoi celui-ci leur apporta l’appui mélodique de deux autres instruments : un violon et une viole dans sa première version, tandis qu’une variante prévoit qu’une flûte peut prendre la place du violon, et un second violon, celle de la viole. Invoquant cette liberté et nanti d’une grande expérience dans la musique du maître bourguignon, Hugo Reyne nous soumet, à son tour, ses propres arrangements. Dans un style qui n’effarouchera aucun spécialiste de la musique du XXIIIe siècle, notre apprenti sorcier efface la formation de base pour la remplacer par un petit ensemble d’une douzaine de musiciens. Si la flûte traversière, le hautbois et le basson y trouvent un écho favorable, le clavecin, quant à lui, a complètement disparu. Tout en gardant un esprit plus chambriste qu’orchestral – conformément à la vocation d’origine de l’œuvre –, La Simphonie du Marais apporte un relief supplémentaire à des pièces qui n’en manquaient déjà pas. À son contact, La Poulicam, Le Vezinet ou La Lapoplinière résonnent avec encore davantage d’ampleur, de disponibilité et d’audace, tout en préservant leur homogénéité et leur consonance d’origine. Allusive et charmeuse, cette réorchestration l’est incontestablement. Aussi, ces « Concerts mis en simphonie » sont le fruit d’un travail remarquable. Honnêtement mené et techniquement abouti, il saura combler les oreilles les plus délicates.

T. HERVÉ - 09/2009