Si désormais nous sommes habitués aux prouesses vocales de Philippe Jarrousky, on ne peut s’empêcher, à l’écoute de ce récital, d’être une nouvelle fois étonnés. Ce qui séduit irrémédiablement, c’est ce timbre nacré, d’une douceur et d’une pureté presque candide, capable des couleurs les plus vives et des inflexions les plus osées. C’est aussi une technique surprenante par son niveau de précocité, digne des meilleurs contre-ténors étrangers. C’est enfin une intelligence et un opportunisme suprêmes : le choix de ce programme dédié à Benedetto Ferrari en atteste. Compositeur, mais aussi luthiste et poète négligé s’il en est, cet Italien, né au début du XVIIe siècle, ne manque pourtant pas d’atouts ; parcourir ce disque suffira amplement à vous en convaincre. Face à un tel résultat, ce fut pour Alessandra Galleron une lourde responsabilité de devoir assurer cet enregistrement. Ayant vraisemblablement l’exigence comme standard, elle s’affranchit de cette tâche avec brio, confirmant ce disque comme une véritable provocation à l’encontre de notre sensibilité artistique et technique.
T. HERVÉ - 06/2006