Malgré l’antériorité de la Dafne de Peri (1597), son Euridice et celle de Caccini (1600), l’Orfeo de Monteverdi symbolise la naissance de l’opéra. Joué pour la toute première fois à Mantoue en 1607, si l’histoire ne lui accorde pas la primeur, au moins elle lui reconnaît son autorité. En effet, cet ouvrage est tout bonnement incroyable. Comment peut-on, avec la simplicité des moyens mis en œuvre, aboutir à une telle perfection ? L’explication réside évidemment dans le génie de Monteverdi, notamment son habileté dans l’association des textes et de la musique et dans sa science de l’alchimie des styles et des formes. Aujourd’hui, pour le 400e anniversaire de sa création, Rinaldo Alessandrini nous propose de commémorer ce pur chef-d’œuvre. Et de quelle manière ! Alignant un plateau très homogène, son principal mérite est qu’il ne se contente pas de nous raconter cette fable tragique. Non, il nous la fait vivre. L’action théâtrale est maintenue dans toute sa durée grâce à un dynamisme qui traduit bien la grandeur dramatique de la partition. Une lecture limpide que soulignent des musiciens proprement irrésistibles. L’écoute nous révèle une adéquation optimale entre le son et la musique. On le doit au remarquable travail de captation fourni par Laure Casenave-Péré qui trouve le juste compromis entre la cohérence spatiale, la transparence et le naturel de la restitution. Notons enfin que ce double compact est présenté sous la forme d’un disque-livre en édition limitée et dont le prix n’a rien de prohibitif. Un Orfeo… mythique. Forcément !

T. HERVÉ - 10/2007