Assurément, Carlos Mena a le vent en poupe. En effet, et quels que soient les ensembles avec lesquels il collabore (et ils sont nombreux), rares ont été les rendez-vous manqués. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, le disque présent, son premier pour le label Mirare, témoigne de ses exceptionnelles dispositions vocales. À l’affiche, des cantates baroques allemandes évoquant les thèmes universels de la douleur et de l’affliction. Disons-le clairement, le contre-ténor espagnol n’a pas choisi la facilité, car, outre le fait qu’il se place loin de son influence culturelle dominante, dans le programme qu’il défend, les tubes se font rares. Si son courage est certain, son talent l’est tout autant. Sans effet de simulation, il s’empare de ces vastes lamentations et, de sa voix d’archange, efface progressivement la détresse pour y apporter la sérénité. Chaque nouvelle strophe est pour nous, auditeurs médusés, l’occasion de se sentir toujours plus intensément imprégnés par cette élégie virtuose et pathétique. L’accompagnement instrumental du Ricercar Consort dirigé par le violiste Philippe Pierlot, permet d’entretenir, du début à la fin, un climat propice à l’élévation de son chant et alors qu’une piètre interprétation aurait pu rendre ce programme ennuyeux, celui-ci se révèle comme une expérience bienfaitrice. Une démonstration valant mieux qu’un long discours, je vous encourage à vous précipiter sur ce disque. Vous m’en direz des nouvelles !

T. HERVÉ - 09/2007