Issu d’un milieu où chaque membre est musicien, Sergey s’est vu attribué le rôle du violoniste. Pour son premier disque, il est accompagné au piano, en alternance, par sa sœur Lusine et par son père Vladimir, mais c’est seul qu’il part à l’ascension de la monumentale Chaconne qui conclut la Partita n° 2 de Bach. Agile et courageux, notre Arménien impressionne. Son jeu, conformément à l’écriture de Bach, parvient à suggérer l’harmonie par la seule ligne mélodique de son instrument. En duo, dans la Sonate n° 3 de Brahms, le violon et le piano saisissent à merveille le caractère de l’œuvre. De leur union fraternelle, le compositeur se dévoile tel qu’il est : bougon, rêveur et passionné. De la rapsodie de concert, Tzigane de Ravel, à la brillante transcription du thème de Carmen de Bizet par le généreux Waxman, en passant, comme en flânant, par l’émouvant Poème de Chausson, toutes ces interprétations participent intégralement à la réussite de cet album. Un jour où l’on demanda au grand violoniste Itzhak Perlman ce qu’il pensait de son premier disque (une référence incontestable encore de nos jours), il répondit avec son humour coutumier : « Dans l’ensemble, c’est pas mal. ». Sans pour autant faire de rapprochement intempestif, disons que le prototype discographique de Sergey Khachatryan n’est pas mal lui non plus.

T. HERVÉ - 05/2007