Heureusement pour tous les concertistes qui le pratiquent, le cor n’est pas, comme certains le pensent, un instrument apathique. Il faut seulement l’avoir entendu une fois pour juger de la beauté de ses sonorités, pleines et profondes, et de son lyrisme. Sensible à son charme, Mozart ira jusqu’à lui consacrer quatre concertos et quelques esquisses, étoffant ainsi un répertoire consacré un peu chiche. La découverte de l’étendue de ses charmes peut être amorcée grâce à ce remarquable disque. Cela tient d’abord à l’homogénéité de l’orchestre dirigé de manière chaleureuse et très « mozartienne ». Christopher Hogwood est ici dans son jardin. Il déroule avec son orchestre un tapis rouge devant son soliste. Placé dans des conditions optimales pour laisser s’exprimer son instrument, Anthony Halstead ne succombe à aucune des difficultés tendues par la partition. Son jeu reste juste, et cela, quelle que soit la hauteur de timbre demandée. Une prise de son bien définie et spacieuse achève de nous convaincre de la richesse des œuvres abordées et de l’excellence de l’interprétation. Pour une fois que le cor joue les vedettes, la moindre des choses est de lui accorder l’attention qu’il mérite ; il saura vous le rendre au centuple.

T. HERVÉ - 06/2006