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BARTÓK - Concertos pour piano

BÉLA BARTÓK
(1881-1945)

Concertos pour piano n° 1, 2 et 3

Jean-Efflam Bavouzet (piano)
BBC Philharmonic
Gianandrea Noseda (direction)

CHANDOS - CHAN 10610


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À travers ces trois Concertos pour piano, c’est la toute personnalité musicale de Béla Bartók – l’un des compositeurs les plus étonnants du XXe siècle – qui se dévoile. Créés par le compositeur en 1927 et en 1933, les deux premiers sont d’une nature sauvage et extravagante. Bien que réactive et vigoureuse, si on la compare à d’autres, l’interprétation de Jean-Efflam Bavouzet apparaît sensiblement moins « primitive ». Mêlant l’énergie à la légèreté, il contourne les difficultés techniques – elles sont énormes – avec une redoutable efficacité. Accompagné non moins habilement par un orchestre d’une grande impulsivité, mais aussi doué de l’usage de la raison – l’expérience qu’il a de ce répertoire est ici patente –, Bavouzet vit intensément cette musique et l’exprime jusqu’au bout des doigts. Tandis qu’il confère aux mouvements extrêmes du grandissime Concerto n° 2 l’énergie et l’exaltation indispensables à son essor, il ajoute à son mouvement central la touche de mystère propice à son harmonie. Quant au Troisième Concerto, il fut créé après le décès du compositeur, en 1946, par le pianiste György Sàndor. D’une sensibilité légèrement plus lyrique que les précédents – moins atonale dirons-nous –, cette œuvre assez contradictoire ne possède pas les mêmes difficultés que les précédentes, tant pour le pianiste que pour l’auditeur. S’éloignant volontairement d’un esprit trop percussif, son langage devient alors plus transparent et plus serein. Là encore, l’alchimie des sons est impressionnante. La direction de Gianandrea Noseda permet à l’orchestre de garder la distance nécessaire à l’équilibre du soliste, sans pour autant prendre trop de recul, ni envers lui ni envers la partition. Même si la prise de son n’est pas exempte de tout reproche, elle demeure d’un excellent niveau. Détaillée, l’étendue de sa profondeur et sa dynamique est de nature à mettre en valeur l’écriture diabolique du maître hongrois. Musique d’une richesse onirique, soliste excellent, direction intelligente, orchestre talentueux, en somme tout concourt à faire de ce disque ce qu’il est, à savoir un très grand disque.

T. HERVÉ - 02/2011