Quelques années après le remarquable plaidoyer de Cecilia Bartoli en faveur de la musique d’Antonio Salieri, c’est au tour de la soprano allemande Diana Damrau de prendre le relais. S’octroyant un terrain préalablement défriché, afin de se détacher de toute forme d’opportunisme, elle y ajoute deux morceaux de Vincenzo Righini, un compositeur pour le moins obscur, mais dont la musique, pour le peu que l’on puisse en juger ici, en viendrait presque à tenir le haut de l’affiche, même face aux quelques arias de Mozart qui viennent ponctuer un programme décidément bien ficelé. Si, à trente-six ans, son nom est encore ignoré de nombreux mélomanes, les plus affûtés la considèrent pourtant depuis quelques années comme une étoile montante : cet album étant tout simplement l’occasion pour elle de briller un peu plus. Tour à tour héroïne suppliciée ou délivrée, soucieuse ou apaisée, son chant agit instantanément comme le remède aux maux de l’âme. Sa voix agile, au timbre limpide et léger, bouillonne d’expressivité. Aussi, aux airs de bravoure, orchestre valeureux. Sous la baguette de l’impétueux Jérémie Rhorer – dont c’est ici le premier disque – les musiciens du Cercle de l’Harmonie se livrent à un véritable plébiscite pour cette musique dite classique, mais qui avec eux n’aura jamais aussi mal porté son nom. Certes, si ce répertoire a déjà produit par le passé des enregistrements d’artistes bénéficiant d’une plus grande notoriété, il y a fort à parier que face à l’engouement général, le disque qui nous occupe aujourd’hui servira désormais à son tour de point de repère. Un point lumineux, bien évidemment.

T. HERVÉ - 03/2008