Organiste et compositeur allemand de la deuxième moitié du XVIIe siècle, Dietrich Buxtehude doit l’essentiel de sa renommée à son œuvre pour orgue et, dans une moindre mesure, à ses nombreuses cantates naguère révélées aux mélomanes par la fabuleuse prestation discographique de Ton Koopman (Erato – 1987). Reprenant le flambeau, mais dans un style différent, Wolfgang Katschner revisite pour cet enregistrement plusieurs d’entre elles et notamment le cycle des sept brèves cantates intitulé Membra Jesu Nostri, qui s’inscrit dignement dans l’héritage de Heinrich Schütz et qui lance les ponts des futures compositions vocales de J. S. Bach. Inspirée par des textes spirituels du XIIIe siècle, chacune d’entre elles glorifie une partie du corps du Christ crucifié. Brillement dirigées, la Lautten Compagney et la Capella Angelica assimilent parfaitement la contemplation religieuse de ces pièces décidément bien inspirées. D’une grande sensibilité, les chants se chargent de toutes leurs particularités mélodiques, dramatiques et mystiques, tandis que la trame instrumentale reprend avec une grande fraîcheur tout l’esprit baroque qui les habite. La prise de son est d’une troublante sensualité, doublée d’une parfaite gestion des espaces. La texture des voix et des instruments s’organise dans un volume de bonnes proportions qui mettra en avant les valeurs de qualité d’image des systèmes audio. En conclusion, voilà un disque artistiquement et techniquement irréprochable et dont l’achat doit figurer à la liste des priorités.

T. HERVÉ - 09/2007