De toute évidence, le premier disque à proposer dans cette sélection ne pouvait être que cette Cinquième Symphonie de Gustav Mahler. En 1986, l’enregistrement d’Eliahu Inbal paru chez Denon fut un électro-choc pour les mélomanes et pour les audiophiles, mais depuis de nouveaux chefs sont passés par là, bouleversant la hiérarchie établie. Vaste et ambitieuse, cette partition utilise tous les moyens que l’orchestre moderne met à sa disposition pour se faire entendre. Pour cela, elle use au maximum du potentiel de chaque pupitre. Sans cesse en mouvement, elle peut être violente et dramatique, mais aussi nostalgique, douloureuse et mélodieuse, sa mission étant de convaincre, et cela, quels que soient les efforts à fournir. Le travail de Ricardo Chailly à la tête du plus mahlérien des orchestres est à la hauteur des prétentions de l’œuvre. Sa prestation tourne à la démonstration d’autant qu’elle est récompensée par une prise de son d’une grande ampleur qui nous permet d’entendre les moindres détails d’une orchestration très fouillée. La localisation est précise, les contours des instruments bien définis et la dynamique impressionnante. Au final, une Cinquième intense et ébouriffante. Si l’on ne doit posséder qu’une seule version de cette œuvre grandiose, ce disque se place comme le plus conseillé, car le plus abouti. Un grand disque Decca.
T. HERVÉ - 10/2003