S’il fallait désigner une œuvre où la souffrance, le drame et le désespoir sont omniprésents, cette huitième symphonie de Chostakovitch serait en tête de liste. Il faut tout le génie de Kurt Sanderling pour bien faire ressortir la force émotionnelle contenue dans l’écriture de cette partition hypnotique. La détermination et la présence de l’orchestre renforcées par l’intensité de l’œuvre sont si frappantes que les frissons nous parcourent l’échine de haut en bas. Si, comme le compositeur le rappelait lui-même, chacune de ses symphonies était une pierre tombale (en hommage aux massacres perpétrés sous le régime de Staline), sur celle-ci se dresserait assurément la plus grande stèle. Dotée d’une cohérence exemplaire, la prise de son analogique nous fait profiter de toute l’expression musicale des différents pupitres. Ils sont disposés dans l’espace avec une précision millimétrique. Une grande profondeur et une transparence impressionnante font de cet enregistrement une réussite absolue, tant sur le point artistique que technique. Le type même du disque incontournable.

T. HERVÉ - 10/2003