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MAHLER - Symphonie n° 10 - Wiener Philharmoniker

GUSTAV MAHLER
(1860-1911)

Symphonie n° 10 en fa dièse majeur « Inachevée » (version Cooke)

Wiener Philharmoniker
Daniel Harding (direction)

DEUTSCHE GRAMMOPHON - 477 7347


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À juste titre, nul ne devrait être autorisé à compléter l’œuvre d’un artiste sans son accord préalable. Lorsqu’en 1911 Gustav Mahler meurt, sa Dixième symphonie est en chantier. Nonobstant les recommandations de son époux, sa femme la fera publier quelques années plus tard. À partir de ces bases plus ou moins solides, plusieurs orchestrations verront le jour, mais au final, c’est la version du musicologue Derick Cooke qui s’imposera. C’est celle que Daniel Harding a retenue pour son deuxième enregistrement de Mahler, le premier chez Deutsche Grammophon. En dépit de la controverse qui entoure sa création, cette musique nous invite à une expérience tout aussi troublante que fascinante. Troublante, car à plusieurs reprises, ce que l’on nous donne à entendre est en léger décalage avec les motifs mahlériens habituels ;  fascinante parce qu’à tous moments, l’univers dans lequel le Wiener Philharmoniker nous transporte est propice à l’émerveillement. Dès lors, il devient difficile d’en vouloir à Alma Mahler pour son geste de désobéissance. Bénéficiant de pupitres taillés sur mesure et, de surcroît, magnifiquement captés, cette interprétation trouve toujours le ton juste, musicalement et spirituellement parlant. Tirée à quatre épingles, la direction d’Harding se veut plus bourgeoise que bohème, sans pour autant sombrer dans le clinquant. Se situant à mi-chemin entre l’élévation et la compassion, le chef britannique offre à la partition une clarté exemplaire qui nous permet d’entendre, sans qu’il soit besoin de tendre l’oreille, la voix d’outre-tombe du compositeur. Alors, cette Dixième symphonie est-elle le fruit défendu que la morale voudrait nous interdire ? Sans doute, mais mûri de la sorte, qu’il est bon d’y goûter !

T. HERVÉ - 12/2008