On a coutume de dire que parmi les symphonies de Bruckner, la Septième est celle qui affiche le plus clairement ses penchants wagnériens. En effet, à de nombreuses reprises, l’idiome sonore de cette fresque magistrale n’est pas sans nous rappeler l’écriture de Richard Wagner. Sa trame mélodique, sa charge émotionnelle et son instrumentation nous éclairent sur l’admiration que ressentait Bruckner pour l’auteur du Crépuscule des Dieux. De la même manière, ce disque nous renseigne sur les prédispositions de Paavo Järvi envers la musique du compositeur autrichien. Dans une tonalité en la majeur résolument romantique, son interprétation s’inscrit dans le sillage des meilleures, tout particulièrement celle de Günter Wand. Humainement douloureuse et douloureusement humaine, sa splendeur frissonnante vous prend directement aux tripes. Très solennel et très lent –, « Sehr Feierlich Und Sehr Langsam » – l’Adagio atteste des aptitudes de l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort (hr-Sinfonieorchester) dans la gestion du pathétisme de l’œuvre. Les timbres et l’homogénéité des pupitres nous rappellent que nous sommes en présence d’une formation qui, depuis son Intégrale avec Eliahu Inbal, est habitée par cette musique. Captée « live », cette 7e présente aussi un énorme potentiel technique. Avec des timbres d’une extrême douceur, le volume peut être poussé sans qu’aucune dureté ne se manifeste. Les espaces sont proprement reproduits et la dynamique ne pâtit d’aucune faiblesse. En raison de ses nombreuses qualités, ce disque est un vecteur de choix pour appréhender le fascinant univers symphonique de Bruckner. Avis aux amateurs.

T. HERVÉ - 04/2009