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STRAVINSKY - Symphonie en trois mouvement

IGOR STRAVINSKY
(1882-1971)

Symphonie en trois mouvements
Quatre Études
Pulcinella (ballet intégral)

Roxana Constantinescu (mezzo-soprano)
Nicholas Phan (ténor)
Kyle Ketelsen (baryton-basse)
Chicago Symphony Orchestra
Pierre Boulez (direction)

CSO RESOUND - CSOR 901 918


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Dans le passé, la production musicale de Stravinsky n’a pas toujours été perçue à sa juste valeur. Bien que de nos jours sa musique soit considérée comme celle de l’un des compositeurs les plus influents du XXe siècle, elle reste cependant absente des mœurs auditives de bien des mélomanes. Parmi ses plus fidèles promoteurs, Pierre Boulez fait figure de patriarche. À quatre-vingt-cinq ans, il tend une nouvelle fois la perche à tous ceux qui continuent de penser que cette musique est stérile et rigide. Habilement construit, son programme s’articule autour d’œuvres aux profils très variés. Tout d’abord, la Symphonie en trois mouvements et les Quatre Études ne manqueront pas de séduire ceux qui aiment dans la musique de Stravinsky le style percutant et rythmique. Toujours tiré à quatre épingles, le maestro n’attend de sa formation ni la rutilance, ni l’opulence orchestrale, mais davantage la netteté et la précision. La sonorité vive et limpide du Chicago Symphony Orchestra colle à merveille à des œuvres dont le côté, tantôt comminatoire, tantôt bon enfant, ne peut laisser indifférent. Mais c’est vers Pulcinella – le Polichinelle italien – que se tourneront d’abord les mélomanes aux préjugés les plus tenaces. Avec un thème emprunté au théâtre populaire napolitain, cette œuvre est certainement la plus accessible du compositeur. C’est une musique de ballet pour trois voix et petit orchestre, et parsemée de mélodies aux effets tout aussi raffinés que loufoques. Mais alors, serait-ce la proximité de la marionnette qui tend le vieux sorcier vers plus de tendresse ? Quoi qu’il en soit, même s’il ne peut totalement dissimuler son caractère rigoureux, c’est un Boulez moins tranchant – moins hautain, diront les mauvaises langues – qui se livre à nous ; un Boulez un peu plus chorégraphique qu’à son habitude. Sans aller jusqu’à parler de spontanéité latine – il ne faut quand même pas exagérer –, il traite la franchise, la naïveté et l’humour de la partition avec un égal bonheur, tout en conservant cette sorte de noblesse intransigeante qui caractérise l’ensemble de ses interprétations. De fait, ce disque constitue un témoignage musical et artistique de tout premier plan. Ajoutons que, conformément aux précédentes réalisations du label CSO Resound, la prise de son est d’une précision et d’un naturel incomparables. Pourtant réalisé à partir d’enregistrements de concerts, le disque ne reproduit pas les applaudissements du public, mais son écoute laisse facilement imaginer à quel point ceux-ci devaient être vigoureux.

T. HERVÉ - 04/2010