En 1990, Pieter Wispelwey, alors tout jeune musicien, enregistrait les Suites pour violoncelle de Bach sur instrument d’époque et déjà sa vision suscita un vif intérêt. Huit ans plus tard, et sur le même instrument du XVIIe siècle, il s’attaque de nouveau à cette œuvre majeure pour tout violoncelliste. On y décèle une évidente maturité confirmée par la richesse et la générosité de son jeu. Aussi étonnant soit-il, il évolue entre la rigueur de l’architecture de l’œuvre et la liberté d’interprétation qu’elle autorise sans sacrifier son authenticité. Avec lui, jamais le « beau » ne se sera autant rapproché de l’esthétique. Parmi les nombreuses versions de qualité disponibles, je considère celle-ci comme la plus profonde et la plus lyrique. La prise de son nous restitue le naturel des timbres de ces nobles instruments ainsi que l’acoustique du lieu dans lequel ces pièces ont été captées. Sans pour autant totalement occulter la concurrence, voici donc un disque vers lequel on revient souvent, sans que la magie cesse d’opérer.
T. HERVÉ - 10/2003