Contrairement à ce que pourrait laisser penser son numéro d’opus, c’est en 1739 que cette série de douze Concertos Grossos vit le jour. Haendel avait alors cinquante-quatre ans. Composés dans un élan frénétique au rythme de plus d’un concerto par semaine, ils sont la vitrine instrumentale de son œuvre, tout comme le sont les Concertos brandebourgeois pour Bach ou L’Estro Armonico pour Vivaldi. Pris séparément, chaque concerto se différencie aisément de ses homologues sans pour cela véritablement chercher à s’en détacher. Chez Haendel, les idées ne manquent pas. Ici, elles foisonnent et sont équitablement réparties. Aussi, l’un des plus grands mérites de cette version, c’est justement celle de les faire ressortir tout en conservant l’inimitable unité de style propre à l’écriture du compositeur. Tout comme une grande partie de son œuvre vocale, la pâte de leur moule est italienne, même si, à l’écoute, l’impression de sérieux et de gravité semble volontairement dominer toutes formes d’allégresse. À cette superposition de plans sonores d’une richesse inouïe, l’Ensemble Avison répond par l’expression de ses plus vifs sentiments musicaux. Ainsi, on notera le soin tout particulier accordé à la texture des sonorités. De la même manière, on trouvera dans la fluidité et dans l’élégance de leurs phrasés le juste aboutissement de leur perspicacité. Mais, le plus souvent, c’est dans leur intégralité que ces trésors baroques s’apprécieront, tant l’enchaînement des trois disques s’opère spontanément. Enregistrés et présentés avec un luxe tout particulier – bien que son livret ignore la langue de Voltaire –, ils s’imposent d’emblée comme des piliers essentiels à toute discothèque.

T. HERVÉ - 10/2010