Dans la préface de son premier recueil de pièces de clavecin, François Couperin se dévoilait ainsi : « j’avoue de bonne foi que j’aime beaucoup mieux ce qui me touche que ce qui me surprend ». Cette simple phrase définit à elle seule toute la musique du compositeur, comme en témoignent ses Concerts Royaux composés en 1714 et 1715. Non pas qu’il soit hermétique à l’extravagance musicale italienne, tant s’en faut, mais il se complaît plutôt dans une certaine sobriété, imprégnée de l’« esprit français » de l’époque. Sobre ne voulant pas dire basique, les pièces qui nous occupent se révèlent être le miroir de son talent. Elles sont autant d’hymnes à la grâce et à la poésie que de leçons de musique teintées de mélancolie. Les timbres amples et souples s’accordent à merveille aux variations mélodiques, tantôt fantaisistes et dansantes, tantôt pudiques et sensuelles de l’écriture. L’effectif réuni autour de Jordi Savall s’attache à reproduire les moindres nuances de la partition, lui empruntant çà et là la dose de sérieux et de légèreté nécessaire pour la propulser au plus haut qu’il nous soit permis de l’entendre. Magnifiquement enregistré à l’Abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache, par Nicolas de Beco et sous la conduite artistique de Nicolas Batholomée, ce disque est, à n’en point douter, devenu un classique du répertoire baroque et un must du label Alia Vox. Rarement des œuvres auront aussi bien porté leur nom.

T. HERVÉ - 02/2007