Outre le fait que Louis Marchand fut au début du XVIIIe siècle un organiste chevronné, le récital auquel nous convie Mario Martinoli nous prouve qu’envers le clavecin aussi, son habileté ne lui faisait pas défaut. Ce disque fascinant en est la preuve irréfutable. Alors que certains enregistrements de clavecin ne se révèlent qu’après plusieurs écoutes attentives, le charme de celui-ci agit instantanément. Avec des mélodies très « parlantes », un usage idéal des ornements et un penchant vers la créativité et le raffinement, ces pièces inédites, toujours plus palpitantes que nonchalantes, ne manquent pas d’arguments. Interprète digne de foi, le claveciniste italien possède un jeu qui épouse les désirs de la partition sans jamais lui résister. Avec l’agilité et la puissance d’un danseur étoile, il glisse d’une page à l’autre sans maniérisme, mais avec juste ce qu’il faut d’élégance. Comme un bonheur ne vient jamais seul, l’instrument (une copie du Pascal Taskin de 1769 de la collection Russell du Royal Scottish Museum d’Édimbourg) est ici magnifiquement enregistré. Bien positionné entre les enceintes, son volume est d’une grande cohérence. Juste en timbre et parfaitement définie, sa richesse harmonique est bien reproduite, sans traînage ou dureté. Du très beau travail. En résumé, l’éditeur Olive Music signe là une pure merveille et même si cette musique peut sembler secondaire en regard de son importance historique, gageons que l’exploit discographique qui s’y rapporte ne restera pas anecdotique.
T. HERVÉ - 07/2007