Ce n’est pas pour l’originalité de son programme que ce disque se fera remarquer. Plusieurs fois abordé, le thème de l’amour au début de l’ère baroque ne constitue plus une nouveauté. N’y cherchez pas non plus quelque aspect flatteur ; la flatterie étant bien souvent le moyen de dissimuler ses faiblesses, il n’en a que faire. Non, c’est avant tout par sa performance artistique que ce disque de madrigaux italiens du XVIIe siècle séduit. Rompue à ce répertoire, la soprano américaine, Jill Feldman, use avec habileté de ses capacités vocales, maniant le langage du cœur avec un sens de l’à-propos déconcertant. S’efforçant de donner du relief à des chansons qui, chantées par d’autres pourraient vite devenir monotones, elle trouve, tout en restant simple, la manière de captiver notre attention. Un véritable tour de force auquel s’associe Nigel North, toujours égal à lui-même. La captation est parfaite et s’ajuste bien à la forme intimiste de cette musique. La voix reste claire, mais sans nous accrocher les oreilles, et l’instrument conserve sa place et son volume avec la douceur qui le caractérise. Voilà donc un disque, dont certes il ne faut pas abuser, mais qui reproduira le même miracle à chaque fois que vous aurez la bonne idée de le passer.

T. HERVÉ - 12/2006