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Hagen Quartett

LUDWIG VAN BEETHOVEN
(1770-1827)

Quatuor à cordes n° 8 en mi mineur, op. 59, n° 2 « Razumovsky »

WOLFGANG AMADEUS MOZART
(1756-1791)

Quatuor à cordes en mi bémol majeur K. 428

ANTON WEBERN
(1883-1945)

Cinq mouvements, op. 5
Bagatelles, op. 9

Hagen Quartett

MYRIOS CLASSICS - MYR006 - (SACD)


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Aboutissement d’une pratique commune longue de trente ans, ce « disque anniversaire » nous prouve qu’après autant d’années et d’enregistrements (au total, une bonne quarantaine), le Quatuor Hagen n’a rien perdu de son envie de jouer ; le doute n’est pas permis, car, en musique, la simulation est une ruse qui ne fonctionne pas. Bardés de distinctions et pétris de qualités, ces musiciens hors pair nous donnent encore à goûter un fruit infiniment savoureux. C’est un Beethoven fringant qui ouvre le programme. Fidèles à leur réputation, les musiciens – frères et sœur pour les trois quarts – se lancent dans une lecture vigoureuse et très élaborée du deuxième « Razumovsky » : le Quatuor en mi mineur, op. 59, n° 2. Sans rien laisser dans l’ombre, ils ajoutent au souci du détail un sens inouï de la mélodie. Cette sophistication n’est pas péjorative parce qu’elle se dissimule derrière une musicalité prodigieuse. Alors qu’il n’est pas rare de vivre intensément ces pages, leur jeu semble parfois naître d’une excitation quasi viscérale. Dans le Quatuor en mi bémol majeur de Mozart, leur style est encore très personnel. Si la transparence et la souplesse figurent toujours au rang de leurs préoccupations, ce qui impressionne peut-être le plus ici, c’est le sentiment de liberté et de confiance en soi qu’ils dégagent. Toutefois, comme s’ils avaient voulu garder le meilleur pour la fin, c’est au contact des partitions de Webern que leur maturité est la plus manifeste. Synthèse des qualités énumérées plus haut, leur interprétation des opus 5 et 9 ouvre de nouveaux horizons sonores, du moins à ceux qui sauront les apprécier : la musique du compositeur viennois n’étant pas de celles que l’on écoute le matin, au saut du lit. Ici, les grands principes volent en éclats. Habile, quand il le faut, dans la désintégration du rythme, du timbre et de la mélodie, le Quatuor Hagen traite ces miniatures avec une attention minutieuse, l’expérience devenant alors extrêmement enrichissante. Valorisé par une très belle numérisation, ce disque pulpeux et juteux s’impose pour ses immenses vertus musicales. Un exemple à suivre.

T. HERVÉ - 05/2011