Exercices souvent décriés par les puristes, les programmes de bel canto tels que celui-ci ne peuvent pourtant pas se soustraire à notre curiosité. Pratiqué depuis le XVIIe siècle, cet art du « beau chant » exige tout de ses interprètes. Fidèle à elle-même, Renée Fleming déploie dans cette série de scènes lyriques toute la batterie vocale nécessaire à ce genre de performance. Somptueuse de bout en bout, sa voix, chauffée à blanc, réaffirme s’il en était besoin sa vélocité et son insolente précision. Le piqué des notes, les pianissimos volatiles et la précision des trilles en sont les principales caractéristiques, mais il s’y rajoute un sens de l’action et du vécu peu commun. Lucrezia Borgia et Maria Padilla de Donizetti, Armida et Semiramide de Rossini, ainsi que La sonnambula et Il pirata de Bellini, sont autant de merveilles qui constituent pour la belle Américaine un terrain de jeux idéal. Les sensations ressenties sont tellement exceptionnelles qu’elles justifient à elles seules l’acquisition de ce disque. Aussi, elles aident à comprendre ce qui sépare les vraies cantatrices des autres, et c’est sans aucune hésitation que l’on classera Renée Fleming dans la première catégorie.
T. HERVÉ - 04/2007