Très tôt, Mozart manifesta de l’intérêt pour la composition mêlant les voix de solistes à l’orchestre. Un intérêt qu’il conserva toute sa vie et qui se trouve fort bien évoqué par le disque présent. Inlassablement attaché au répertoire vocal, le label CPO s’offre, comme il en a désormais pris l’habitude, les services de l’un des plus talentueux ténors de notre temps, Christoph Prégardien. De sa tessiture naturelle, il use à l’envi de la légèreté et de la flexibilité. L’extraversion n’étant pas son fort, c’est très intelligemment qu’il reste dans les limites que la partition lui autorise, sans pour autant brader la substance et le caractère de ces pièces. C’est ainsi qu’il respecte les variations qui lui sont imprimées par la direction de Michi Gaigg qui, elle, de son violon, dirige l’Orfeo Barockorchester avec douceur et sérénité ; sa fiabilité lui épargnant toute forme d’autorité. Blotti entre deux de ces « chants orchestrés », le délicieux Divertimento K. 138 nous régale de sa pureté et de son insouciance. Dans l’Andante, la fluidité des premiers violons nous vaut de purs moments d’apesanteur. À l’image du soliste, la prise de son sait rester à sa place. Sans volonté démonstrative, elle s’impose par son naturel, s’autorisant comme seul maquillage une toute petite dose de réverbération artificielle. Nanti d’un minutage généreux, ce très bel enregistrement constitue de cette façon une plus-value certaine à toute discothèque mozartienne.

T. HERVÉ - 07/2007