Quand on évoque l’univers du lied, Mozart n’est pas de ceux que l’on cite. Pourtant, si sa contribution demeure modeste comparée à celles des spécialistes que sont Schubert, Schumann ou Brahms, elle n’est pas pour autant négligeable. Lorsqu’on sait que la voix et le piano étaient au centre de ses préoccupations, il n’est pas surprenant alors de les voir associés sous cette forme. Pas surprenant non plus de retrouver aujourd’hui réunis pour ce disque le ténor Werner Güra et le pianiste Christoph Berner, eux pour qui le lied est devenu un réel motif d’épanouissement, et dont les précédents rendez-vous sont à l’origine de quelques-uns de nos plus grands plaisirs (voir ici). Comme d’habitude, les mêmes bons ingrédients sont à l’origine des mêmes bonnes recettes. Comment ne pas céder à l’enchantement de cette voix au grain si précieux et à la lumineuse ferveur ? D’une agréable fraîcheur, elle est rassurante, presque bon enfant, et se prête admirablement bien à l’intimité de ce répertoire. De plus, comment ne pas plier sous le jeu d’un pianiste aussi fin ? Tant dans son rôle d’accompagnateur que dans celui de soliste, son interprétation est animée par un subtil mélange de puissance et de sobriété, faisant siennes certaines vertus cardinales. L’instrument, un splendide pianoforte Streicher aux accents remarquables, imprime à la musique de belles couleurs, légères, cristallines, et tout à la fois larges et profondes. En cela, aucune restriction n’est présente qui nous rappellerait son âge. Bénéficiant d’une très belle prise de son, ce récital désarmant s’inscrit comme un moment fort de l’année discographique en cours. Après cela, nul doute que Mozart sera beaucoup plus facilement associé à ce genre musical. Un must.

T. HERVÉ - 06/2008