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Germans arias

ŒUVRES DE MOZART, SCHUBERT, BEETHOVEN ET WAGNER

« German arias »

Jonas Kaufmann (ténor)
Choeur du Thetro Regio di Parma
Mahler Chamber Orchestra
Claudio Abbado (direction)

DECCA - 478 1463


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En 2008, le premier album de Jonas Kaufmann, Romantic arias, nous laissait clairement augurer de lendemains qui chantent. Cette bonne impression discographique fut pertinente, car si le potentiel vocal du ténor allemand méritait alors un réel enthousiasme, dans le second que voici, son talent explose littéralement. En effet, les « German arias » qui nous occupent aujourd’hui – un répertoire naturellement attribué à la naissance – est pour lui l’occasion de s’affirmer comme l’un des artistes les plus passionnants du moment, mais aussi, et surtout, comme l’un des futurs grands wagnériens de la scène lyrique internationale. J’en veux pour preuve les deux airs de Lohengrin. D’une humanité manifeste et pathétique à souhait, le message d’adieu Mein lieber Schwan ! est déchirant d’amertume. Les sons fondent doucement dans sa bouche en dispensant une saveur toute particulière. Les émotions sont si fortement ressenties qu’un auditeur un peu pudique aura du mal à dissimuler leurs effets. Ô combien dramatique, dans Amfortas ! – Die Wunde, tiré de Parsifal, son désespoir est palpable, tandis que dans Nur eine Waffe taugh, toute sérénité retrouvée, sa masculinité distinguée déborde d’authenticité. D’égale tenue, l’exécution des extraits dédiés aux autres gloires germaniques l’est incontestablement. Sous la direction lumineuse de Claudio Abbado, et soutenu par une prise de son de toute beauté, le Mahler Chamber Orchestra déroule aux pieds du chanteur un tapis sonore à la texture fine et délicate et aux couleurs chatoyantes. Que ce soit dans l’interprétation de Tamino, le célèbre personnage de La Flûte enchantée de Mozart, dans celle d’Alfonso, le pendant d’Estrella dans l’opéra de Schubert, ou bien encore dans celle de Fidelio de Beethoven, Jonas Kaufmann n’usurpe pas la place qu’il s’est volontairement attribuée en parodiant le célèbre tableau du peintre romantique allemand Caspar Friedrich. En effet, à l’image du Voyageur au-dessus de la mer de nuages dont s’inspire l’illustration du livret, après ces deux enregistrements exceptionnels, c’est bien de cette situation élevée qu’il pourra le mieux contempler la vaste carrière lyrique qui s’offre désormais à lui.

T. HERVÉ - 01/2010